Jean-Paul Gaillard
Notes de lecture Clémence Porte
Résumé In revue Thérapie familiale. Genève vol XXVIII n°4 – 2007
Thérapeute systémicien de la famille et du couple. Il intervient intra-établissement sur les bonnes
pratiques professionnelles en éducation spécialisées.
Quelques publications :
Gaillard, J.-P. (2012). L’éducateur spécialisé, l’enfant handicapé et sa famille : Manuel à l’usage
des professionnels de l’éducation spécialisée et des familles. ESF éditeur / Gaillard, J.-P. (2018a). Enfants et adolescents en mutation : Mode d’emploi pour les parents, éducateurs, enseignants et thérapeutes (7e édition). ESF Editeur / Gaillard, J.-P. (2018b). Enfants et adolescents en grande difficulté : La révolution sociothérapeutique.ESF Sciences Humaines.
Site https://www.gaillard-systemique.com/
On observe depuis 30 ans une lente mutation de l’ethos occidental. Les enfants et ado d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que dans un passé proche. Ce qui fait que nous assistons à une rupture radicale : le façonnement psycho sociétal des enfants et ado de moins de 18 ans n’est plus le même que celui des générations antérieures. C’est pourquoi il choisit de nommer ces jeunes « les mutants ». L’objectif est de décrire les changements afin d’en tirer des éléments pour une réinvention de l’acte psychothérapeutique, éducatif, pédagogique.
La mutation sociétale qui a commencé aux US il y a 40 ans signalerait la fin de l’ère cybernétique.
Individualisation et l’autonomisation des individus
Fin de l’identité appartenancielle
De la soumission à l’autorité de mode paternel et du hiérarchique vertical
Remettent en cause les modèles et pratiques de la TS. Ainsi que l’hypothèse selon laquelle un groupe familial peut toujours être perçu comme un système.
(Définition de système selon Maturana 1991 : » J’appelle système tout ensemble d’unités qui se distinguent d’autres entités parce qu’elles sont plus liées entre elles qu’avec n’importe quoi d’autres »)
Aujourd’hui les entités qui composent la famille ne sont plus liée à elle plus qu’à n’importe quoi d’autres. Les « mutants », être autonomes, se connectent régulièrement avec des dizaines d’autres êtres autonomes. Les contraintes inhérentes à la vie familiale sont souvent ignorées rendant difficile l’assimilation de valeurs, mythes, rituels que les parents, les éducateurs tenteraient de leur transmettre.
Avec cette nouvelle normalité émerge de nouvelles pathologies :
Troubles narcissiques
Syndromes post-traumatiques
Nouvelles formes d’addiction.
Ceci appelant à une modélisation efficace de 3 niveaux d’urgence (vers une systémique de niveau 3) :
1 . Modélisation du lien thérapeutique avec des ensemble qui ne sont plus stables, chaque membre étant autonome (système flou …)
Modélisation d’action thérapeutique auprès de groupes et d’individus non demandeurs d’aide.
modélisation des troubles émergeants et invention de nouvelles stratégies psychothérapeutiques.
accompagner les enseignants qui devant l’incompréhension des comportements inintelligibles pour leur génération adoptent une posture défensive les empêchant d’accueillir positivement les différences des enfants « mutants » et de générer avec eux des espaces d’intelligence commune pour lesquels ils sont mieux outillés que les générations précédentes.
L’école « pathologise », « pré délinquantise », exclut en masse des enfants dont la normalité nouvelle ne demande qu’à être comprise.
Modélisations du lien thérapeutique avec des individus autonomes :
La plupart des membres de la famille entretiennent souvent avec l’extérieur des interactions beaucoup plus denses. La mutation sociétale a produit des individus beaucoup plus extractés de toute appartenance, injectés à une autonomie radicale. Le processus de désinstitutionnalisation laisse des professionnels souffrant de solitude face à des individus souffrant de solitude, jugent d’eux-mêmes et étrangers à tout argument d’autorité.
On en arrive à une subjectivisation et une affectivisation du lien y compris professionnel dans la mesure où l’institution n’assure plus sa fonction de tiers.
Le 20ème siècle avait produit en nous un vaste espace de « social abstrait » impliquant une certaine abstraction de soi, social abstrait organisé et soutenu par l’institutionnel (Bernard Fourez 2007). A l’inverse aujourd’hui le rapport à l’autre est très concret, subjectivé et affectivé, impliquant un rapport d’estime, à mesurer constamment de l’autre à soi. Donc une réflexion de fond sur l’utilisation de soi dans le travail thérapeutique semble incontournable.
Benard Fourez : le psychofamilial cède le pas au psychosociétal, voir au psychocivilisationel.
Nous vivons un processus de désinstitutionnalisation du monde. Le monde du 20ème siècle était une civilisation du tiers. Le travail des professionnels MSP consistait à faire fonctionner le tiers là où ils en constataient l’absence.
Ainsi le travail avec des individus extractés du tout mais ne pouvant que s’y mouvoir se couplant tour à tour à tels ou tels autres individus, s’agrégeant parfois au point de produire ce que l’on pourrait confondre avec un groupe d’appartenance, rend nécessaire l’invention de pratiques qui leurs soient adaptés. Le couplage « agrégat » (et non système) n’est pas rare aujourd’hui : rave party, apéro monstre, marche silencieuse etc.
Modélisation auprès de groupes non demandeurs : la restauration de l’autorité paternelle sur laquelle les éducateurs et assistants sociaux persistent espérer la restructuration de la famille et la normalisation des enfants ne produit que déception ou pire chaotisation et violence supplémentaire. Le paradoxe de l’aide contrainte (Guy Hardy) génère des échecs « je m’obstine à t’apporter une aide que tu n’as pas demandé pour un problème que je dis que tu as et que tu ne reconnais pas ! ». 80% des interventions ne répondent plus à une demande d’aide mais à du protectionnel. Appel à changer de posture : Considérer comme un même objet notre compétence et leur compétence (Ausloos 2005).
Les individus autonomes produit par la mutation sociétale sont contraints à faire des choix personnels puisqu’aucune référence extérieure ne se substitue à leur autoréférence. Ils sont contraints d’engager leurs responsabilités personnelles dans les actes qu’ils choisissent d’accomplir. Plus étrangers à la morale mais plus concernées par l’éthique, la téléologie et l’esthétisme. Ces registres avaient été exclus par la réf institutionnelle du hiérarchique vertical. Nous devons renouveler notre réflexion à partir de ces registres.
L’éthique ne m’est pas extérieur comme l’est la morale, elle se constitue par mes actes. Elle fonctionne avec la téléologie, la capacité à définir mes buts, pour juger de la qualité de mes actes.
Nous avons aujourd’hui à nous utiliser, cad à engager notre responsabilité personnelle dans les choix de nos actes, l’engager à ces 3 niveaux.
Modélisation des troubles émergeants :
Les individus de la nouvelle normalité ont cessé de rapporter aux autres les pbs dont ils peuvent souffrir. Le rapport de soi à soi prédomine sur le rapport de soi à l’autre. Ils sont condamnés à devenir leur propre juge, puisqu’étranger à l’autorité, et montrent une plus grande vulnérabilité aux syndromes post traumatiques.
Ce qui permet à un être humain d’absorber un évènement difficile est sa capacité à le replacer du côté du général, de la condition humaine. S’il ne peut se référer qu’à lui-même la voie est ouverte pour l’installation du traumatisme et de la sidération psychique à l’occasion d’évènements jugés jusqu’alors banales. Un grand nombre d’adolescents jugés « incasables » souffrent en fait d’une forma particulière de syndrome de stress post-traumatique ou de stress chronique.
Emergence d’une nouvelle économie psychique, qui ne se déploie plus à partir de la réflexivité coupable de la névrose du 20ème, moins accessible aux psychothérapies basées sur l’intrapsychique. Proposition de refonder les actions sur une neuro-éco-systémique permettant de remobiliser les apprentissages des processus primaires tels que l’attachement et la satisfaction, recalibrer le poids respectif des émotions primaires et des modes d’expression et d’inhibition de l’agressivité. // AT.
͢ voir mail de Jean-Luc Sudres sur Recherche sur le Trouble Disruptif avec Dysrégulation Émotionnelle (TDDE)
POUR UNE APPROCHE QUI COUPLE LE GENETIQUE, BIOLOGIQUE ET LE SOCIETAL :
Couplage biologique : Les émotions douloureuses en excès, régulières (maltraitance, abandon, dépression, trauma …) renforcent ce que les neurosciences appellent le réseau nociceptif. Le mental agissant sur le neural. A l’inverse le neural exerce une influence sur le mental dans les familles où les parents sont anxieux, dépressifs, conso excessive d’alcool, sans que le contexte ne le justifie.
Identifier les interactions familiales qui alimentent le réseau nociceptif de l’enfant sur fond neural ou mental. Les expériences mentales douloureuses et traumatisantes renforcent chez l’enfant le réseau neural nociceptif au détriment d’une inter-régulation fine avec le réseau hédogène. L’enfant évoluera vers de la défiance à priori, de la persécution, de la souffrance morale, de l’autodépréciation, dans un renforcement des émotions primaires telles que la peur, aversion, fuite.
Par effet de synchronisation émotionnelle par héritage du réseau neural nociceptif : accordage au sein de la famille à voir tout en noir, défiance a priori à l’encontre de toutes actions aux effets imprévisibles (douleur).
Parmi les troubles de l’apprentissage de l’enfant, il n’est pas rare de repérer les mêmes troubles à l’étage supérieur (désordres impulsifs, troubles psychotiques, alcool, toxicomanie). Terrains biologiques partagés par naissance et renforcer par l’expérience commune.
Agir avec une alliance suffisamment forte avec les parents vers une re-complexification du système motivationnel neural de chacun à partir de la mise en œuvre régulière d’expériences plaisantes.
En effet, le réseau neural nociceptif montre une prééminence qui conduit l’individu à vivre sur un mode douloureux et à chercher à éteindre la douleur plutôt qu’à chercher du plaisir en s’appuyant sur le réseau hedogène. Les solutions ne sont donc envisagées que du côté nociceptif, ce qui décomplexifie le système motivationnel en limitant l’éventail de ses choix. Les seules stratégies possibles sont donc les stratégies de survie, palliatives, non résolutives : tentative de suicide « que ça s’arrête enfin ! », passage à l’acte momentanément soulageant (délits, comportements à risques, auto et hétéro mutilations), consommation de substances.
La stratégie de survie conduit à chercher activement dans l’environnement des substances, comportements, objets connus pour réanimer l’axe hédogène. Le pb, comme tout objet externe, est qu’ils sont inaptes à remplacer le processus interne. L’activation du réseau hédogène ne donne que des sensations à CT conduisant à réitérer inlassablement. Et plus elle se reproduit plus elle renforce le nociceptif (sensations et sentiments douloureux) poussant à augmenter les doses, et diminuera l’efficacité globale du système motivationnel. Toutes les substances psychoactives : cigarette, alcool, cannabis, héroïne … et tous les contenus hightech hyperstimulants : jeux vidéo, en ligne, porno … stimulent artificiellement le réseau hédogène et le saturent, générant le syndrome de démotivation.
Il s’agit donc de prendre en compte le neurobiologique sachant qu’on y a accès à travers les interactions.
Von Foerster théorème 2 :
« si les sciences dures réussissent c’est qu’elles sont confrontées à des problèmes doux, alors que si les sciences douces butent sur tant de difficultés c’est que les problèmes qui sont les leurs sont durs ».
II . La peur de l’autre dans le présent contexte de mutation psychociétale.
(source https://www.gaillard-systemique.com/ressources-pedagogiques-et-documentation onglet Mutation psychosociétale
Deux ethos inintelligibles l’un à l’autre sont en frottement (les adultes et les jeunes), générant de la peur de la part des décideurs (enseignants, managers politiques, soignants) à l’encontre de notre jeunesse, venant entraver les rapports intergénérationnels.
Ethos (G Bateson) : expression d’un système culturel unifié d’organisation des instincts et des émotions des individus. Les membres d’une même société ont ainsi une personnalité de base, une même façon de se comporter et d’exprimer leurs émotions dans des situations typiques.
Nous vivons une de ces mutations sociétales qu’une civilisation ne connait que très rarement (empire romain, monde chrétien, Renaissance, Lumières). Chaque mutation sociale s’accompagne d’une mutation psychosociale. A chaque fois un « homme nouveau » naît. Ni les adultes, les « modernes » (en ref à l’appartenance à l’épistémologie des Lumières) ni la jeunesse - que JPG appelle « mutants » pour souligner leur émergence en tant qu’homme nouveau - ne disposent d’une grille de lecture de l’autre pour cheminer ensemble. Cet intelligible laisse place à la peur et à la violence. Il faut entendre intelligible comme du registre de l’inconcevable, du trou dans la cognition. Les adultes face à cette situation d’inconcevabilité y réagissent par l’attaque. (Henri Laborit décrit le processus : attaquer si je me sens plus fort, fuir si je me sens plus faible, se soumettre si je ne peux ni attaquer ni fuir). Juridique : lois pour pouvoir les incarcérer dès l’âge de 12 ans, peines planchers pour les jeunes récidivistes. Psychiatrique : études pour prescrire un dépistage de l’appétence à la criminalité dès 3 ans …). Machine judiciaire et machine scolaire se conjuguent pour créer une machine de guerre contre les enfants d’aujourd’hui. La machine à intégrer qu’était le collège se transforme en machine à exclure. Augmentation de la prescription de ritaline au primaire pour immobiliser les dangereux enfants.
Cette peur des adultes contribue à générer une défiance a priori plutôt qu’une confiance à priori (Niklas Luhmann), alimentant un puissant climat de désorganisation sociétale.
Peur et prédiction auto-réalisantes : effet Pygmalion. Les jeunes qui vivent dans les quartiers, les 1ers visés, se construisent de plus en plus comme dangereux validant ainsi les prédictions des politiques et des médias. La machine politico-médiatico-ultralibérale produit ce danger qu’elle invente.
Bernard Stiegler décrit ce processus « Cette destruction des motifs d’exister engendre, chez ceux-là, des formes compensatrices d’hypersurmoisation, délirantes et meurtrières, passant à l’acte sans vergogne, et sans la moindre crainte, transformant la démotivation et l’irrationalité qui règne dans les sociétés de contrôle en énergies du désespoir, cad en énergie incontrôlables et en cela qu’on le veuille ou non, en énergies quasiment inépuisables, cad invulnérables ».
Il nous appartient de nous donner les moyens d’orienter les processus liés à cette mutation vers le meilleur. Le pb est qu’on est face à une absence de modèle permettant de le penser.
Grégory Bateson à notre secours, anthropologue et GP de la systémie « lorsque l’homme de science se trouve dans l’embarras de ne pas pouvoir trouver un langage approprié pour la description du changement dans un certain système qu’il étudie, il ferait bien d’imaginer un autre système qui soit supérieur d’un degré de complexité au 1er et par la suite d’emprunter à celui-ci un langage approprié pour la description du changement dans le système le plus simple ».
A vouloir comprendre les changements perceptibles chez les « mutants » à partir de nos critères établis, on ne peut que décrire ces changements qu’en termes de déviances et non en termes de la nouvelle normalité qu’ils constituent. Les jeunes d’aujourd’hui sont des « mutants » normaux, produit d’une mutation sociétale à l’œuvre depuis de longues années de laquelle émerge un nouvel éthos (nouvelle économie psychique, nouveaux modes d’interactions, de perception de soi, de l’autre et du monde).
Le principe de symétrie rappelé par Bruno Latour est un outil pour éviter de tomber dans une systématique pathologisante. (Ne pas tenir pour plus saine les modalités de fonctionnement psychosocial auxquelles nous sommes habitués/ celles que nous décrivons des enfants)
L’éthos qui nous a façonné est vécu comme s’il était notre nature. Ainsi à l’école, tout comportement qui heurte notre éthos est ressenti par nous comme inadapté, déviant, générant perplexité, irritation, colère.
Or un nouvel éthos organise des rituels d’interactions nouveaux cad d’autres modes de régulation des relations interindividuelles, intergénérationnelles et intergroupes. Nous vivons tragiquement aujourd’hui un frottement entre deux éthos par def étranger l’un à l’autre.
Bateson et le concept de l’eidos : toute perception est le résultat d’une activité sensorielle combinée à des présupposées culturels. L’objet final de notre perception est une entité neuro-culturelle. D’un éthos à l’autre, la même chose n’est pas le même objet. Exemple de la casquette. La casquette perçue par les anciens n’est pas la même que celle des ados. Les « modernes » y voit un couvre-chef associé à un rituel de politesse. Selon que je garde ou l’enlève, je délivre un message analogique à mon interlocuteur. La casquette du jeune est un accessoire de visibilité, avec un lien quasi organique, sans aucune connotation de respect ou d’irrespect/ à l’autre. Quand on tente d’imposer à leur casquette nos critères éthologiques, nous provoquons chez eux de la perplexité que nous interprétons comme un début de provocation, nous permettant de mettre en place une logique d’escalade, dans une violence induite par nous seuls et dans laquelle nous piégeons l’ado.
Ethos des « modernes », être au monde organisé par l’identité et l’autorité. Modes d’interactions descriptibles en termes de :
Hétéronomie
Autorité de mode paternel
Soumission à l’autorité
Complémentarité haut-bas
Interdit par principe
Culpabilité fondamentale
Hiérarchie verticale
Rationalisme, objectivisme, criticisme, réductionnisme …
Composent leur/notre manière de penser, d’agir, interagir, que nous croyons être notre nature.
Ethos des mutants :
Autonomie
Autorité sur soi
Egalitarité, une égalité dans la différence
Hiérarchique horizontal. Dissolution du monde des maîtres à penser
Emotionalisme
Subjectivisme…
« Un tout est possible » dénué de culpabilité
Un sexuel découplé de l’interdit
Chacun de ces éléments est contenu dans les autres et contiennent les autres.
Société occidentale d’hier et société occidentale d’aujourd’hui : mise en perspective :
1 – autorité, la hiérarchie :
Depuis 2500 ans : autorité / figures paternelles/ pater Familias/ ciel/ autorité de forme phallique/ hiérarchie de mode vertical/ inégalité par principe/ dissymétrie radicale : femme et enfant n’accédaient jamais à un statut majeur. L’autorité s’énonçait ainsi « fais comme je te dis, pas comme je fais ! ». Le père tenant des lieux se voyait exonéré de l’exemplarité.
Avec la mutation en cours : l’autorité n’est plus extérieure mais intérieure produisant l’autorité sur soi / hiérarchie horizontale /égalitarisme/ redéfinition du concept de respect. Passant de signaux complémentaires de domination à des signaux d’égalité par principe. Avec le hiérarchique horizontal émerge la responsabilité des dirigeants. « Fais comme je te dis, pas comme je fais ! » ne trouve plus de support. Les jeunes mutants font ce qu’ils nous voient faire nous procurant du plaisir. Et nous les voyons étaler et prendre à leur compte nos incivilités.
2 – L’identité
L’identité se déclinait en termes d’appartenance ce qui nous produisait comme hétéronome (aller chercher les motifs de ses actions hors de soi auprès d’autorités ou valeurs philosophiques) ⇒ êtres en quête de reconnaissance de ceux du dessus, marqueur du sentiment d’exister.
Avec la mutation : identité individuelle et non plus appartenancielle. Enjeu n’est plus de montrer des appartenances mais son existence, acquérir de la visibilité, ce qui produit des êtres autonomes (aller chercher les motifs de ses actions en soi). ⇒ Ce qui amène à entretenir avec le savoir et les valeurs une relation négociatrice, distendue, remodélisante.
Quête de visibilité, comme marqueur de l’estime de soi que l’on peut ou non s’accorder à soi-même, et donc marqueur du sentiment d’exister.
3 – le sexuel, l’interdit, la culpabilité, la jouissance
Religieux chrétien - puis le sortir du religieux et le religieux sans le religieux – est l’axe organisateur du façonnement sociétal occidental ⇒ péché originel ⇒ être coupable par principe, auquel tout était interdit par principe ⇒ se cacher pour jouir ⇒ êtres en quête d’espace d’intimité.
Mutation : un sexuel trivialisé. Fin du religieux, dissolution de l’interdit par principe et de la culpabilité fondamentale. Le sexuel devient une occurrence de jouissance parmi d’autres. Exigence de visibilité : la jouissance montrée ⇒ être en quête d’espace d’extimité.
4 – le porno – arme contre nos enfants mutants
Porno fait l’éducation sexuelle des jeunes. Age moyen du 1er porno : 9,5 ans. Les femmes s’y trouvent en posture de soumission et d’humiliation.
CC : Peur des tenant du monde finissant face à ce monde naissant, producteur d’un façonnement psychosocial « trop » différent.
Cogitamus ! Bruno Latour. Passer du je au nous pensons ensemble. Emergence d’une nouvelle forme d’intelligence, multiforme, intégrative, innovante. Esprit extra-cérébral avec le web.
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Notes de lecture Marie Jeanne Bourdon
L’art et la violence : quels frayages ? Réflexions inspirées d’un projet pilote en prévention de la
radicalisation violente chez les jeunes
Élise Bourgeois-Guérin, Joséphine Aldebert, Cécile Rousseau
Dans Sciences & Actions Sociales 2022/2 N° 18, pages 87 à 102
Éditions Association des Chercheurs des Organismes de la Formation et de l'Intervention Sociales
DOI 10.3917/sas.018.001
Il est question plus spécifiquement dans cet article de la violence due à la radicalisation des jeunes,
et de la présentation d’un groupe de prévention mis en place au Québec : le but étant de développer
une offre de soin adaptée, en interrogeant le potentiel de l’art à se poser en alternative à
l’expression de la violence.
Les facteurs de risque entraînant vers la radicalisation sont listés comme suit :
Exclusion sociale / discrimination/ quête de sens/ sentiment d’appartenance/ traumatismes vécus
dans l’enfance/ difficultés d’attachement/ quête de redressement des torts/ voie d’expression du
désespoir ou légitimation de la colère
→ ces différents facteurs vulnérabilisants semblent pouvoir être élargis à d’autres formes de passages
à l’acte violent que ceux liés à la radicalisation, et pourraient « décrire » la souffrance psychique de
nombreux autres jeunes.
L’article souligne un décalage entre idées violentes et exercice de la violence, dans cet écart se
situerait la prévention : le projet piloté présenté a misé sur la proposition de voies d’expression
alternatives à la violence.
→ A noter une réflexion intéressante, pour l’art-thérapie : la prise en charge psychologique classique
peut être perçue comme stigmatisante par beaucoup de jeunes. La pratique d’une activité artistique
pourrait donc bien offrir ce détour.
Effets bénéfiques des approches misant sur l’art :
Confiance et estime de soi/ sentiment d’efficacité personnelle/ régulation des émotions et du
recours à l’agressivité / amélioration des liens avec la famille et les pairs
Le dispositif mis en place : il est basé sur la collaboration entre plusieurs acteurs, notamment des
artistes professionnels, sans lien avec le champ du soin.
Il concerne des jeunes intéressés, volontaires, qui choisissent le type de
pratique artistique qui les attire le plus : ils sont ensuite suivis par des artistes qui les aident à mener
à bien tel ou tel projet.
Le rôle de l’institution, cadre de ce projet, est à clarifier car certains jeunes s’en méfient : nécessité
d’un espace de création étanche, mais avec maintien du lien à l’équipe clinique. Des informations
doivent pouvoir circuler, notamment pour que les artistes qui accompagnent les jeunes puissent
comprendre et intégrer telle ou telle réaction (ex : une confiance absolue dans la réussite de son
projet peut masquer, chez le jeune, une fragilité de l’estime de soi : il faut donc anticiper le potentiel
destructeur et le vécu d’humiliation d’un échec)
A travers la pratique artistique, il ne s’agit pas de déconstruire rationnellement le discours radical
des jeunes mais de :
Soutenir une expression qui canalise les sentiments / valider leur expérience subjective en lui
proposant toutefois une autre expression que celle de la violence / veiller aux risques de dérapages,
de débordements, inhérents à l’expérience d’une pratique artistique
→ l’article évoque un point de réflexion intéressant : l’art-thérapie pourrait être perçue par certains
jeunes comme un prétexte à la relation d’aide. Ecueil que ce projet pilote évite puisque ce sont des
artistes qui interviennent. Comment dès lors présenter l’art-thérapie ?
Bilan sur le potentiel de l’art en termes d’élargissement subjectif, dans le cadre de ce projet pilote :
Croiser sa sensibilité artistique avec celle d’un autre : nourrir une double subjectivité, une
décentration de son propre point de vue, vers un desserrement identitaire (rappel : il s’agit de jeunes
radicalisés au départ) // Valorisation, estime de soi, du fait d’être accompagnés par des artistes, avec
un cadre et du matériel adapté
Une attention particulière portée au dosage entre valorisation du travail artistique de ces jeunes, et
une reconnaissance des limites (une confrontation brutale à la limite peut corroborer une estime de
soi fragile) / travailler avec le gonflement narcissique parfois, une forme de grandiosité qui se
confronte aux contraintes du réel.
Réflexion sur la fonction de la violence :
Comment en arrive-t-on au passage à l’acte ? Voie de décharge pour l’angoisse impossible à traiter
de façon interne / défaillance des capacités de symbolisation
MAIS il faut relever aussi la fonction interpellative de la violence/ son potentiel auto- calmant, sa
capacité à faire retomber la tension psychique / tentative de préservation du sentiment d’existence.
Un des auteurs cités différencie passage à l’acte et recours à l’acte : ce dernier permettant un
sauvetage du Moi face à la désorganisation
Il faudrait, donc, pouvoir intégrer et permettre l’expression de la violence sans vouloir forcément la
supprimer puisqu’elle présente des bénéfices secondaires pour le psychisme : la transformer et la
mettre au service de la création plutôt que de la destruction, Eros versus Thanatos
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Note de lecture Marie-Jeanne Bourdon
L’absentéisme scolaire, « une équation à trois inconnues ». Le Relais Étudiants Lycéens, un modèle
de traitement bref
Christophe Ferveur, Dominique Monchablon
Dans Enfances & Psy 2019/4 N° 84, pages 112 à 123
Éditions érès ISSN 1286-5559 ISBN 9782749266107
DOI 10.3917/ep.084.011
Cet article présente l’action du Relais Etudiants Lycéens qui reçoit des jeunes rencontrant des
problèmes dans leur scolarité.
Il propose un décodage de l’absentéisme scolaire :
Souvent précédé d’un contexte dépressif = désinvestissement scolaire, amical, social, aboulie,
représentation dégradée de soi et de ses capacités.
L’absentéisme est un évitement qui apporte un soulagement, un apaisement → cela peut devenir
addictif et perdurer dans la vie du sujet, face aux difficultés, au-delà de la scolarité, si on ne le prend
pas en charge au bon moment.
On peut le voir de 2 façons différentes : une prise de liberté nécessaire face à la contrainte sociale //
une sauvegarde narcissique face à l’anticipation d’un échec.
C’est 1 symptôme, et il est adressé à l’autre : paradoxe d’une absence et d’un retrait, qui
maintiennent pourtant un lien (même négatif) avec les interlocuteurs.
Au REL, le cadre de traitement est bref : 6 consultations annoncées
Elles se font en groupe : contenance, enveloppe psychique pluri subjective/ diversité de modèles
identificatoires
Importance du dialogue : faire raconter son histoire au sujet, lui permettre de se décaler, de trouver
un autre en lui-même, interne et structurel / développer ses capacités de réflexivité
1 question possible : Si nous connaissions une formule magique, où seriez-vous dans 10 ans ?
→ imaginer une issue, initier des scénarios de désir dans lesquels l’environnement réel trouve à se
figurer / rêver
→ tout ce que peut permettre l’art-thérapie !
L’action prioritaire, selon l’article, est de revivifier le jeu des représentations car la représentation
c’est une énergie qui prend forme, l’excitation est mesurée, encadrée, elle devient de la matière
psychique.
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L'action thérapeutique avec le jeune violent : l'importance du cadre
Alain Lazartigues, Morifodé Doukouré, Stéphane Saint-André
Dans Le Journal des psychologues 2010/6 n° 279, pages 38 à 40
Éditions Martin Média ISSN 0752-501X
DOI 10.3917/jdp.279.003
Note de lecture Marie Jeanne Bourdon
L’accent est mis sur la notion de « discontinuité environnementale » dans laquelle les jeunes se
trouvent souvent → importance d’un cadre fiable, contenant, en thérapie.
Caractéristique de la société actuelle : « désymbolisation » = les institutions ne surplombent plus le
sujet comme dans les années 60, il n’y a plus d’hétéronomie ( = ordre du monde expliqué par un
ailleurs : Dieu, Patrie, Etat), chaque sujet se réfère donc à lui-même, à ses désirs et pulsions, dans une
solitude et une absence de repères, c’est l’auto référence.
Rôle des parents : ils n’osent plus trop canaliser leur enfant, montrer les limites, ils ouvrent le monde
en laissant penser que tout est possible, et donc accessible, de droit. La relation à l’enfant est
surinvestie dans un registre narcissique.
Naissance d’une nouvelle personnalité de base narcissico-hédoniste = mobilité, facilité de contact,
attention divisée (chater, jouer, etc.) ; grande importance donnée aux expressions émotionnelles,
autoréférence, insistance sur la réussite.
Fragilités = intolérance à la frustration / difficulté à envisager la durée / vulnérabilité à la
perte → états dépressifs. Apparition d’un registre de perversion narcissique : l’autre est utilisé pour
les besoins de l’économie psychique du sujet, au mépris de son altérité // sensibilité à
l’environnement // faiblesse des images internes sécurisantes, instances psychiques plus faibles
(surmoi, moi idéal) → l’idéal du moi est peu socialisé (il ne se base pas sur des modèles connus et
fréquentés dans la réalité) et peut contenir des modèles essentiellement inatteignables (ex, un jeune
dont le niveau en maths est faible se voit comme un futur Bill Gates)
Eléments sur la prise en charge :
Equilibre entre la relation duelle et la relation sociale
Cadres = tiers indispensables
Attention à la qualité de la relation, à la prévisibilité des conduites du thérapeute, à la fiabilité de son
engagement
Prise de distance et résistance nécessaires, au sein d’une relation scandée par des provocations
Le cadrage comme pare-excitation.
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La préadolescence, vers un retour narcissique
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SCARIFICATIONS
L’ADOLESCENT, LES PARENTS ET LES SOIGNANTS FACE À L’INSUPPORTABLE
Adrien Cascarino, Érès éditions 2024
Fiche de lecture Marie-Jeanne Bourdon
L’auteur interroge dans cet ouvrage ce que provoquent les scarifications adolescentes dans la rencontre thérapeutique et au sein de la famille : il s’intéresse moins à leur signification qu’à l’effet induit, lorsque le regard de l’autre les découvre.
Il a enquêté au sein de l’Unité psychiatrique de l’Institut Montsouris.
Il passe en revue d’abord toute la littérature sur le sujet, apparue dans les années 60, avec différentes étiologies formulées :
Le trauma sexuel dans l’enfance : ce qui a été subi tente d’être rejoué en position active. Il existe aussi des fantasmes sexuels agressifs à la puberté → les maîtriser par l’intervention sur le corps
La notion de déficit : les jeunes concernés n’auraient pas pu établir la zone de protection instinctive d’eux-mêmes, faute de soins de l’environnement primaire.
Une part de déficit cognitif, entraînant une défaillance dans la capacité à résoudre les problèmes.
Déficit du pare-excitation
Manque d’un bon objet internalisé
→ les scarifications sont la conséquence d’un débordement, d’une impossibilité à le contenir ; une décharge ; une manière aussi de redéfinir les limites du corps propre.
Déficit du langage : défaut dans la symbolisation, l’imaginaire, la représentation → scarifications comme tentatives d’y remédier
Ou déficit chez l’autre : un refus d’écouter entraîne l’utilisation du corps comme vecteur de communication/monstration. Doute sur la capacité du langage à exprimer le ressenti, c’est le corps qui communique.
Retour à un stade antérieur du développement : existence chez les enfants de comportements automutilateurs « normaux »
Une adresse à l’autre
Les agirs auto-agressifs sont une façon de convoquer le spectateur, de mettre en scène des motions pulsionnelles internes non reconnues. Les montrer dans l’espoir de la création d’un espace de pensée entre l’ado et son entourage : un lieu où le psychisme ado pourrait exister.
L’autre, témoin, soignant, parent, est convoqué en lieu et place du Nebenmensch = « l’être-humain-proche », celui du début de la vie, qu’on appelle et qui vient secourir.
Pablo Votodaro évoque la « nécessité » de l’éprouvé de haine, de la part de l’équipe soignante, qui doit supporter cette haine envers le patient, ce qui permet une évolution symptomatique → permet aux patients de reconnaître aussi, et d’exprimer, leur propre haine envers les objets.
Une étiologie traumatique « en creux » = scarifications dues au manque de soins primaires. Elles ne signifieraient pas une volonté de destruction de l’objet interne, mais sa réduction à l’impuissance, son « désenchantement » → vérifier que l’objet ne peut pas tout sur nous, prouver son indépendance par rapport à lui. Une mise en défaut de l’objet en son omnipotence qui favorise le processus de séparation à l’adolescence.
Plutôt que de développer chez l’enfant la capacité d’être seul en présence d’un être-humain-proche (cf Winnicott), il s’agirait de développer chez le Nebenmensch la capacité de rester présent avec un adolescent seul.
Le médium malléable (Milner, repris par Roussillon) : une de ses vertus est de se laisser déformer par la parole et les actions de l’autre , et de le lui montrer (thérapeute, matériau artistique) : cela aide le patient à parvenir à la représentation de son vécu intérieur, sa capacité de sentir, se représenter, remodeler son environnement.
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L’action thérapeutique avec le jeune violent : l’importance du cadre
Alain Lazartigues Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Chef de service
L’ évolution des dynamiques familiales place de plus en plus souvent l’enfant dans des situations de discontinuité environnementale et relationnelle qui ontdes conséquences sur la structuration de la personnalité l’adolescence jusqu’à
l’ émergence d’un nouveau type d’organisation. La définition qu’en propose Alain Lazartigues met en avant ses points de fragilité comme l’intolérance la frustration et le repérage temporel, ainsi que la nécessité , de fait, d’inscrire la relation thérapeutique dans un cadre social fiable.
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Transition de genre
Entendre la transition adolescente
Note de lecture Marie-Jeanne Bourdon
Capucine Lamoureux Psychologue clinicienne
Anna Cognet-Kayem Psychologue, PhD, HDR, enseignante associée LPCN, université
Caen-Normandie En collaboration avec la Chaire de Philosophie à l’Hôpital
Revue hospitalière de France, # 626 Septembre - Octobre 2025
La demande de transition
La demande de transition (ou le symptôme transidentitaire) est à interroger et à accompagner :
comment le faire sans précipitation ni rejet ? En respectant la singularité du sujet, et en tenant
compte de la pression sociale ?
Elle est en lien avec l’estime de soi, la quête de reconnaissance, et donc le regard de l’autre.
Si les assises narcissiques sont solides : les identifications d’emprunt, transitoires, permettent
de négocier l’entrée dans l’âge adulte. Sinon, elles peuvent donner lieu à des identifications de
substitution, aliénantes, qui signalent une fuite de l’intériorité perçue comme menaçante.
L’adolescent doit trouver la bonne distance entre ses peurs et ses désirs. C’est l’âge du conflit
narcissico-objectal (Philippe Jeammet) : « Comme tous les êtres vivants, pour devenir eux-
mêmes, ils doivent se nourrir des autres, mais en tant qu’êtres conscients, ils doivent se
différencier de ceux dont ils ont reçu ce dont ils ont besoin pour se sentir eux-mêmes ».
L’adolescence appelle un travail symbolique intense, un tissage entre corps, imaginaire et
réalité, que le clinicien doit accompagner et préserver.
L’adolescence et son contexte
Beaucoup d’adolescents en questionnement de genre présentent des symptômes comme la
dépression, les idées suicidaires, les troubles anxieux ou alimentaires.
Le contexte social et numérique a un impact : dans 66,8% des cas, l’ado en questionnement a
au moins un ami ayant la même démarche. → phénomène de contagion sociale amplifié par
les réseaux sociaux.
Une abondance de choix, un rapport au monde médié par le virtuel, la prévalence de
l’image…
La génération alpha (2010) appelée « génération de verre » par Marcelli, a grandi en
permanence sous le regard d’autrui (dès le plus jeune âge, le sharenting parental = poster des
photos de leurs enfants sur les réseaux). Ils sont inscrits dans une logique de visibilité ( →
dans ce contexte, quid de la subjectivation, de l’intégration des expériences et des sensations,
de la capacité d’être seul ? Les ados sont-ils menacés par l’apparition d’un faux-self sans
arrêt montré ?)
Le scroll atténue l’impact émotionnel (aucun temps d’intégration, ni réflexion sur les échos,
les prolongements, le sens des images vues : il s’agit d’un bombardement permanent
d’images), et les algorithmes resserrent les contenus autour de l’identique qui rassure.
C’est la génération COVID, conflits géopolitiques, attentats, éco-anxiété. Une anxiété
qui, pour Marcelli, n’est pas seulement négative : elle produit une intelligence
sensible, une capacité à verbaliser le mal-être via les réseaux…
Asymétrie de savoirs traditionnelle a disparu (celle qui accompagnait l’autorité des
parents, mais aussi celle des enseignants) : accès aux mêmes informations en temps
réel. ( → réfléchir à la façon dont l’adulte peut compenser, accompagner ce
phénomène : en cadrant ce flot de données toujours disponibles, en impulsant une
créativité contre la passivité, en indiquant des méthodes de tri, de choix, en se tenant
là pour contenir et border les excitations incessantes ? Un savoir-faire face à ces
nouveaux savoirs accessibles)
Faible tolérance à la frustration : seule une transformation semble pouvoir permettre
d’approcher un corps idéalisé ( → le corps deviendrait un objet banal, qu’on peut
soumettre, modifier, selon son désir et celui des autres perçu comme un idéal, sans
tenir compte des réalités biologiques : cette banalisation du corps devenu simple
enveloppe habillant une intériorité évitée, voire annulée, pourrait alors aussi
expliquer la violence, les atteintes à l’intégrité physique, sur soi et autrui ?)
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